Ce post sur l’anthologie poétique de Philippe Torreton, tout simplement parce qu’elle est sublime. Le pari fut tenu, j’ai effectivement voyagé dans un univers incroyable de beauté.
Parce que moi aussi je faisais partie de ceux qui voyaient la poésie comme des textes pompeux, qu’on récitait gamins en classe de manière terriblement ennuyeuse et qu’on mettait des jours à apprendre par cœur, sans avoir préalablement été sensibilisé à leur sens profond.
J’ai beaucoup aimé assister à la conférence de ce Grand Monsieur, et je m’y suis retrouvée notamment sur le fond des textes à privilégier. Je me faisais la même remarque lorsque je commençais à travailler les poèmes édités de Michel et j’avais fini par harmoniser le sens profond des textes avec la forme. Ainsi, je les ai mieux compris.
Quel bonheur ce fut pour moi d’assister au discours de cet homme profondément humain, une belle façon de voir le monde qui nous entoure. Une très belle découverte !
Les lectures de Monsieur Torreton sont magistrales, il porte la poésie en lui, il porte les textes de tous ces poètes en lui. Et surtout, il s’adresse à tous.
J’aimerais vous proposer un voyage, le plus incroyable et le plus inoubliable des voyages. Un voyage au pays des mots des autres. Je vous rassure tout de suite, vous n’avez pas besoin de bagage ni de passeport, pas de visa, ni de raison valable, […] juste vos deux mains pour tenir ce livre, vos yeux, un doigt mouillé du bout de la langue pour tourner les pages, et c’est à peu près tout, j’oubliais un dictionnaire mais il faut toujours avoir un dictionnaire près de soi de toute façon.
Préface de Philippe Torreton, Anthologie de la Poésie Française, Calmann Lévy
Vous allez prendre des centaines de bateaux, franchir des milliers de ponts suspendus, vous allez rester bouche bée devant des couchers de soleil du temps d’avant les hommes, vous allez rester sans voix devant des chagrins immenses, des solitudes infinies, des désirs amoureux à faire pâlir de jalousie vos plus grands émois, vous allez remonter le temps, entendre des voix cousines venues des siècles chantants. Vous allez pouvoir mettre des mots durables là où vous vous contentiez d’expressions circonstancielles. Vous allez vous découvrir des frères et des sœurs de solitude, une parenté sensible qui ouvrira en grand les portes lourdes de cet orphelinat où vous vous terriez depuis l’enfance, car au regard des sentiments et de nos pulsions intimes, qui nous dirigent aveuglément pour le meilleur et pour le pire, nous sommes tous des orphelins, des abandonnés. […]
Lire les mots des autres, c’est se découvrir une famille. […] La poésie est faite pour nous, pour nous tous.