Approche écologique/critique dans les œuvres de Michel Bernanos

Par son travail remarquable, Katarzyna GADOMSKA, Docteure et Enseignant-Chercheur à l’université polonaise de Silésie, met en avant la présence d’une dimension visionnaire dans les écrits de Michel par la démonstration d’une approche éco-critique de l’auteur1 , mouvement né des années 1990 et tout particulièrement aux Etats-Unis, Canada et Australie.

Aussi, je me permets de reprendre ci-après et sous forme de résumé, les propos de l’auteur de ce travail passionnant.

Les différents thèmes extraits des œuvres de Michel par Katarzyna Gadomska, permettent d’étudier la prose de Michel sous un angle innovant et visionnaire, créant ainsi par ses écrits un univers fantastique militant qui devient un véritable script vert engagé, en faveur de son contenu écologique.

Ces thèmes, correspondants à des idées proto-écologiques, étaient ainsi ceux de Michel, avec une trentaine d’années d’avance :

1- Une égalité biocentrique des espèces

Michel rejette toute optique anthropocentrique. Autrement dit, l’homme n’est pas au centre du monde, ce qui correspond à l’opposé de l’égocentrisme humain vu par Descartes, Protagoras et Kant selon lesquels, l’homme serait supérieur à la nature.

Ainsi, pour Michel, la frontière entre l’humain et le non humain n’existerait pas. Aussi, l’auteur démontre que dans La Montagne Morte de la Vie, les trois ordres de la nature communiquent et se confondent :

  • l’animal (en ce compris, l’homme)
  • le végétal
  • le minéral

Dans La Montagne Morte de la Vie, les frontières s’effacent par la transformation progressive de l’homme en pierre, créant ainsi une nouvelle définition de la vie.

2- Défense de la biodiversité : Vengeance sur l’espèce humaine par le royaume vert

La nature de Michel cherche ainsi à avoir sa revanche sur la race humaine qui ne cesse continuellement de l’opprimer.

Ainsi, l’homme inférieur au monde végétal, doit véritablement lutter pour survivre. La nature semble recoloniser consciemment le monde, jadis règne de l’usurpateur humain.

Dans l’Envers de l’Eperon et Ils ont déchiré son image, les villes sont envahies par la végétation et la nature est assoiffée de vengeance.

Le monde vert de Michel agit ainsi comme un super organisme intelligent voulant préserver son règne de la destruction par l’homme parasite. L’agression de la nature devient pour l’auteur un spectacle grandiose.

Katarzyna GADOMSKA confirme ainsi la position éco-centrique de Michel dès les années 1960, faisant ainsi de lui un précurseur sur les thèmes de l’éco-criticisme qui ne prenait naissance outre atlantique que 30 ans plus tard.

3- Altérité et autonomie de la nature

Michel accentue l’altérité2 de la nature à travers différents facteurs :

  • la description de ses formes prodigieuses
  • sa toute puissance
  • son aspect naturel et sauvage

La nature de Michel est autonome, elle se suffit à elle-même et se venge de l’exploitation humaine par la prise de ses propres décisions.

4- Véhiculer un message proto-écologique : condamner l’exploitation humaine de la nature – Une invitation au respect du monde vert et de ses lois

Michel rend compte des comportements non écologiques de l’homme qui viole les lois de la nature et transmets ainsi une leçon ayant pour but de l’avertir des conséquences pernicieuses de ses actes.

Aussi, dans le Murmure des Dieux, la nature est vue par l’homme comme un stock de ressources financières inépuisable, ce dernier cherchant ainsi à en tirer des bénéfices sans aucune limite.

Par la portée éco-centrique de ses textes, Michel stigmatise des comportements humains nocifs sous l’angle écologique3 permettant ainsi d’avertir sur les conséquences néfastes qui peuvent entrainer une catastrophe écologique.

Par l’imaginaire écologique, il peut aussi naitre un modèle de travail écologique à suivre : inviter les hommes à protéger l’environnement et à prendre la responsabilité écologique de leurs actes.

Lien vers : Le cycle fantastique de la Montagne Morte de la Vie de Michel Bernanos, approche écocritique, Katarzyna GADOMSKA, PAN, Journals polish academy of science

  1. Definition de Katarzyna Gadomska : L’éco-critique amène une approche centrée sur la terre aux études littéraires. L’approche éco-critrique se propose donc de relire des textes littéraires d’un point de vue particulier, celui de l’environnement _ et ainsi d’en orienter la réception []
  2. d’un point de vue philosophique, il s’agit d’une différence manifeste qui est acceptée par la force des choses []
  3. Citons la déforestation de la forêt amazonienne dans Le Murmure des Dieux []

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