Tous les jours que nos yeux voient
Tous les jours que nos mains caressent
Tous les jours que nos pieds foulent
Tous les jours que nos cœurs vivent
Des enfants ont faim
Quels cris quelles prières quels sanglots
Peuvent être comparés
Peuvent être comparables
A tous ces petits visages aux bouches vides
Ces grands yeux cernés de noirs
Ces yeux noyés de chagrin
Ces visages si vieux dans un corps tout neuf
Des petits centenaires de dix ans
Le monde a bien des défauts
Mais pas celui de vieillir le cœur des enfants
L’homme debout devant lui même est seul coupable
L’homme ce faiseur d’enfants qui deviennent inutiles
L’homme a malmené le monde
En élevant l’inutile au niveau de l’enfance
L’hérédité les privations le rationnement extrême
Sont les seuls cadeaux de l’homme à l’enfant de son sang
L’enfant n’a pas son syndicat
L’enfant ne peut comprendre cela
L’enfant a faim simplement faim
L’enfant ce cri de l’homme qui l’a fait
A chaque aurore ou crépuscule
Ces virgules du jour ou de la nuit
Des enfants crient la faim
Des enfants nourrissent la famine
Pourront-ils longtemps chanter leur faim
Tous ces enfants sans jeux
Au rythme de leurs coeurs
Cette musique ralentie
Le temps d’écrire leur peine
Combien d’entre eux sont morts
Le temps de me nourrir
Combien sont morts
Combien meurent
Entre les lunes et les étoiles
Dans les trois cent soixante cinq jours
Qui font les quatre saisons
Tous les jours que nos yeux voient
Tous les jours que nos mains caressent
Tous les jours que nos pieds foulent
Tous les jours que nos cœurs vivent