Louis Crocq, psychiatre des armées, liste au lecteur les difficultés et obstacles à la mise en place d’un bon diagnostic. Ceci explique cela.
En effet, on ne peut notamment pas demander à un psychiatre qui revient des zones de combats, de s’occuper du suivi psychique de ses camarades qui sont probablement autant touchés que lui.
En fait, les éventuelles difficultés à établir le diagnostic de syndrome psychotraumatique de guerre ne tiennent pas tellement à des difficultés techniques qu’à des attitudes de méconnaissance ou de résistance.
Parmi les motifs de mé-diagnostic recensés par A.Blank, on peut retenir :
- Un manque d’intérêt ou une hostilité à l’encontre des vétérans
- Une réaction émotionnelle perturbante (empathie ou retrait) face à des récits d’horreur
- Une autodisqualification du thérapeute lorsqu’il est lui même vétéran et craint le réveil de ses propres expériences traumatiques
- Le fait de ne pas penser à explorer le passé militaire du patient
- L’attachement à la théorie de la prédisposition ou à la théorie du mauvais soldat qui présuppose que le PTSD ne peut survenir que chez un soldat inadapté
- Une indulgence exagérée vis à vis des conduites d’alcoolisme, de toxicomanie et d’asocialité
- Le déplacement sur un diagnostique de comorbidité (alcoolisme par exemple)
- L’inhibition du praticien face à ses lacunes thérapeutiques dans ce domaine
- Une dérive des intentions thérapeutiques vers des attitudes inefficaces de respect et de réassurance vis à vos du patient
- Le fait de se débarrasser du patient en l’adressant à un thérapeute « spécialisé »
Ces causes se font sentir aussi en France, réalisant le réseau d’une conspiration du silence qui fait que les névroses de guerre sont méconnues et sous-estimées quant à leur nombre pour des raisons tenant tant à l’état actuel du savoir psychiatrique français (méconnaissance du diagnostic) qu’à l’attitude doctrinaire de certains experts.
Les traumatismes psychiques de guerre – Louis Crocq – Editions Odile Jacob
