Après pas mal de recherches, j’ai pu retrouver des photos du Paracatu de Michel dans les années 1938-1942. Ces photos là datent des années 1950, mais je pense que l’aspect de la ville n’est pas très éloigné de celui de l’époque.
Paracatu, c’est la ville morte de Michel, cette ville abandonnée dont Michel s’inspirait pour l’écriture de l’Envers de l’Eperon. Cette ville existe réellement et elle a toute une histoire.
Sous l’avare clarté de la lune, on pouvait voir la chaussée soulevée, en certains endroits, par d’énormes racines d’arbres géants. Le monde végétal reprenait lentement ce que l’homme lui avait volé, silencieusement, passionnément. Plus loin, une place avec des magasins aux vitrines vides. Sur les enseignes rouillées, balancées par le vent, on pouvait encore lire : chapelier, cafetier, boulangerie, épicerie…
Dans l’asphalte bosselée par la terre en mouvement, on pouvait apercevoir les rails d’un tramway ; les poteaux qui maintenaient les fils étaient en bois vert et ils avaient refleuris, retrouvant leur sève grâce à la nature en furie. Il était beau de voir ce bois asservi redevenir libre.
Chose curieuse, l’homme, qui n’avait jamais réussi à faire pousser quoi que ce fût, s’était servi du bois de l’endroit pour faire sa ville, et maintenant sa ville toute entière redevenait arbre.
L’Envers de l’Eperon, Michel Bernanos
Michel lui consacrait également un poème. A sa lecture, nous comprenons que les logements étaient abandonnés. Visiblement, Michel fut profondément marqué par ce village qui, vidé de tous ses habitants, devait être sacrément impressionnant. Il a certainement découvert Paracatu lors d’une de ses nombreuses balades sur le dos de Napoléon.
A la suite du déclin du marché de l’or, fin 19ème, un grand nombre de villes nouvellement construites pour l’occasion, furent abandonnées. Paracatu est l’une de ces villes.
La forêt, jusque là décimée dans le Minas Gerais, tentait progressivement d’y reprendre ses droits. Cette ville se repeuplait à nouveau à compter de 1950-1960 et fit l’objet d’une rénovation complète.
Dans L’Envers de l’Eperon, la ville de Paracatu se dote d’une végétation personnifiée qui se rebelle littéralement contre les deux principaux personnages du récit.
De nos jours, Paracatu s’est considérablement agrandie et ne correspond plus aux paysages de l’époque.
