Les conditions de navigation en mer peuvent être particulièrement difficiles.
Les convois doivent faire régulièrement des écarts pour se mettre hors de portée des U-BOOTS de la KRIEGSMARINE (sous-marins allemands), ce qui rallonge considérablement le temps de parcours.
En Mer du Nord, il est assez courant que l’eau gèle sur les structures des bateaux. Les ponts se recouvrent ainsi d’une glace épaisse pendant plusieurs jours que les marins doivent retirer régulièrement.

Lors des longues missions en mer, l’alimentation des marins est très mauvaise. Ils consomment en grande partie les conserves habituelles, ce qui crée de fortes carences en vitamine C que le corps ne produit pas seul.
C’est ainsi qu’apparaissent les cas de Scorbut. Un amaigrissement généralisé des marins est constaté, plusieurs gingivites au stade avancé, une fatigue intense marquée par les impressionnants cernes des soldats.
Michel, comme beaucoup de marins, attrapait le scorbut au cours de cette période. Plus les missions étaient longues, plus le risque s’accentuait.
Le scorbut, véritable fléau dans la marine entre les 16ème et 20ème siècles, est une forme grave de carence en vitamine C qui se traduit par une fatigue chronique, un déchaussement des dents, une infection grave des gencives, des œdèmes des membres inférieurs allant jusqu’à la formation de plaies et à l’infection, une perte de cheveux et des hémorragies pouvant conduire au décès.
Une fois au port, il faut remettre le bateau en état, ce qui dure plusieurs jours.
Les canonniers doivent nettoyer leurs pièces, les moteurs doivent être révisés, les chaudières ramonées. D’importants travaux de peinture sont également effectués car il suffit de quelques jours dans l’Atlantique pour que la coque rouille.
Michel fit un remplacement à bord du sous marin Rubis qui effectuait au total 28 missions de mouillage de mines sur les côtes de Norvège et de France occupées, entrainant ainsi la destruction de 16 navires.
Courant 1943, Michel écrit une lettre à ses parents dans laquelle il décrit son quotidien :
Je suis dans les Chasseurs qui font du très beau travail. Nous sommes en patrouille dans la Manche 25 jours par mois, par des mers plus que fortes. Les vagues nous balayent sur le pont de tous les bords, mais nous serrons les dents, car ce n’est rien à côté des souffrances de notre pauvre pays. Je suis sûr que vous serez fier de moi, mon cher papa, je suis matelot canonnier.
Michel Bernanos