39-45 : Les enfants sous les bombardements

On en parle peu, mais il y a avait régulièrement des bombardements alliés sur la France occupée, sans parler des bombardements Allemands. On ne peut que penser notamment à la ville de Caen en juin 44, mais ce ne fut pas la seule.

La population était prise en étau, elle subissait.


Paris après un bombardement le 4 avril 1943 © Getty – Picture alliance

Près de 57.000 morts, 74.000 blessés, 300.000 logements détruits : du 13 juin 1940 à Dunkerque au 15 avril 1945 à Royan, les bombardiers alliés déversèrent 518.000 tonnes de bombes sur la France pour tenter de détruire le dispositif militaire Allemand.

Ces bombes larguées approximativement, manquent régulièrement leur cible au détriment des populations civiles. La population Françaises est désormais coincée entre les bombardements alliés et Allemands.

Ainsi en mars 1942, le bombardement des usines Renault à Boulogne-Billancourt fit 371 morts, dont 56 enfants, notamment au Vésinet. En septembre 1943, deux raids successifs visent la zone portuaire de Nantes. Bilan 1.300 morts.

Parmi de nombreux bombardements, arrêtons nous sur celui du 17 août 1942 à Rouen.

Ce jour là, il fait beau, la population est dehors et profite du beau temps qui lui apporte un peu de réconfort en cette période d’occupation.

Mais ce n’est pas sans compter sur les douze bombardiers et cinquante chasseurs Américains mobilisés. La cible choisie fut la gare de triage de Sotteville-lès-Rouen. Sur les 54 bombes américaines larguées, seulement quatre atteignent leur objectif.

Bombardements de Sotteville-lès-Rouen – 17 août 1942 – Paris-Normandie.fr

Dans un récit passionnant en hommage à son père, Philippe Torreton, retranscrit la manière dont le petit Jacques a vécu cette journée :

J’ai donc quatorze ans et je joue au foot et on n’a rien compris. Pas de sirènes, pas de bruits d’avions, un souffle énorme et nous voilà tous par terre ; on s’est pris la foudre. J’ai la jambe qui chauffe, je regarde, ça pisse le sang, un de mes copains est touché au pied également – on saura plus tard qu’on s’est pris le même éclat, qui m’a traversé le mollet avant de terminer sa course dans celui de mon camarade. Après, les gens arrivent de partout : on nous porte, on nous pose des questions. Je vois ma mère et je pleure ; ça y est, ça me fait mal ; ma mère est là, je peux me laisser aller. Mon père, qui travaille à la voirie municipale, en apprenant la nouvelle a rappliqué. Et c’est comme ça que je me retrouve encadré à l’hôpital, l’hospice général de Rouen.

Il y avait du monde partout. La file d’attente serpentait dans l’escalier principal sur plusieurs étages. Plus on s’approchait de la salle d’opération, et plus on entendait les plaintes des blessés et les ordres des médecins chefs, le tout dans un brouhaha de chariots et de portes qui claquent.
J’apprends que le chirurgien qui va m’opérer s’appelle le docteur Derin. Mon tour arrive, on m’allonge. Il manque une jambe au docteur :
_ Elle est restée en Argonne, dit-il, mais j’ai mes deux bras. Allonge toi jeune homme.
A peine a-t-il prononcé cette phrase qu’une sirène hurle. Des cris, des affolements, lui, continue comme s’il était sourd. Autour, ses collègues semblent préoccupés. Moi, j’ai décidé de me caler sur Derin : s’il reste je reste, et comme il reste je reste. Et puis ça explose. Dehors, Rouen se prend des gifles d’acier, certaines sont si proches que, du plafond de la salle, tombe du plâtre. Mais Derin a ce qu’il faut dans la poche : une petite balayette ; chaque fois que ça saupoudre, il me gratifie d’un coup de brosse et, pour me décontracter, m’en met un coup sur le nez.

Jacques à la Guerre, Philippe Torreton, Ed. J’ai lu

Jacques fait parti de ces enfants de la guerre envoyés de suite en Indochine une fois la France libérée de l’ennemi.

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