Les enfants des rafles françaises

Comment ne pas parler de ces rafles françaises, de tous ces gens, dont ces nombreux enfants, qui n’avaient rien demandé. Je pense au camp de Drancy mais aussi à la maison des enfants d’Izieu dans l’Ain, dont les lieux sont chargés d’histoire.

Les discriminations faisaient progressivement leurs apparitions dans les écoles et les enfants ne comprenaient pas pourquoi leurs petits camardes disparaissaient du jour au lendemain. Le témoignage de Madame Zlatin au procès de Klauss Barbi est particulièrement émouvant.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser à tous ces petits qui continuent encore aujourd’hui, à payer les conséquences de ces guerres menées par des adultes irresponsables et dénués de toute forme d’humanité.

Michel a écrit un très beau texte évoquant notamment la déportation des populations juives, il fait parti de ceux sur lesquels je travaille actuellement.


Petits écoliers avec l’étoile juive, France, 1943, Guetty

Cet fut également au cours de ces années d’occupation que furent mises en place les rafles françaises avec toutes leurs monstruosités affiliées. Dans les écoles, les enfants assistaient à la disparition progressive de leurs petits camarades sans en comprendre les raisons.

Evoquons notamment celle des enfants d’Izieu que leur directrice, Madame Sabine Zlatin, défendait avec tant d’émotion lors du procès de Klauss Barbi au 11 mai 1987 :

Le 6 avril 1944, premier jour des vacances scolaires de Pâques et à la suite d’une dénonciation, la Gestapo alors sous le commandement de Klaus Barbie, investie la maison d’Izieu et arrête les 44 enfants résidents et les 7 adultes encadrants.

Les enfants et les adultes sont embarqués vers la prison Montluc de Lyon. Au procès Barbie, la seule survivante, Léa Feldblum, indique que les enfants étaient assis sur le sol et les adultes avaient les mains liées en hauteur, accrochées aux murs. Seuls les adultes et les adolescents sont interrogés.

Le 7 avril, ils sont emmenés à la Gare de Perrache et transférés dans les trains en direction de Drancy. Léa Feldblum voyage dans un compartiment avec les plus petits. Elle aperçoit, dans le corridor, les adolescents Théo Reiss et Arnold Hirsch passant menottés.

Ils sont ensuite expédiés au camp de Drancy où ils arrivent le 8 avril 1944. Malgré le fait qu’elle possédait de faux papiers d’identité, Léa Feldblum pris l’honorable décision de dévoiler son vrai nom pour accompagner les enfants.

En partance de la gare de Bobigny, les enfants et les adultes sont emmenés vers les camps de la mort en plusieurs convois. Trente-quatre enfants partent par le convoi no 71, deux par le convoi no 73, deux par le convoi no 74, trois par le convoi no 75, et les trois derniers enfants partent par le convoi no 76.

Une fois arrivés à Auschwitz, quarante-deux enfants sont dirigés vers les chambres à gaz dès leur arrivée, le plus jeune, Albert Bulka, n’était âgé que de 4 ans. Léa Feldblum subi plusieurs expériences médicales dont elle garda des séquelles à vie, elle fut la seule survivante.

Les enfants d’Izieu – Maison d’Izieu

Afin d’honorer leur mémoire, les autres adultes déportés étaient : Lucie Feiger, Mina Friedler, Suzanne Levan-Reifman, Eva Reifman, Moïse Reifman et Miron Zlatin.

Au moment de la rafle et se doutant certainement du risque à venir, Sabine Zlatin est à Montpellier et cherche un nouveau refuge pour les enfants d’Izieu. Elle est prévenue par un télégramme codé de Marie-Antoinette Cojean, la secrétaire de la sous-préfecture de Belley : 

Famille malade, maladie contagieuse

Elle comprend de suite et se rend à Vichy où elle rencontre Joseph Darnand, Secrétaire général au Maintien de l’ordre. Il menace de la faire arrêter. Les Enfants d’Izieu sont déjà à Drancy.

Sabine Zlatin consacra toute sa vie à son combat pour la mémoire des enfants déportés. À la suite du procès de Klaus Barbie en 1987, un mémorial est fondé à l’initiative de Sabine Zlatin et de la communauté juive de Lyon dans la maison d’Izieu, sous le nom de Musée Mémorial des enfants d’Izieu.

Cette maison située dans l’Ain, je l’ai visité à deux reprises lorsque j’étais enfant. Elle me marqua à tout jamais. J’y emmènerai mes enfants à leur tour pour continuer à honorer la mémoire de ces belles âmes.

Que tous ces petits anges reposent en paix.


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