Afin de mieux comprendre les textes de Michel rédigés fin 1940-début 1950, il m’a fallut connaître les conditions de vie de ces petits qu’il retrouvait en France après la libération. En effet, ces enfants grandirent dans des conditions particulières pendant la guerre, celles de la peur constante, de la faim, du système D, de la solitude aussi parfois.
Je vais évoquer essentiellement les conditions de vie des petits français durant ces années de guerre afin de mieux comprendre ce pays que Michel retrouvait au retour de Londres.
Michel écrivait beaucoup pour les enfants, pour tous les enfants, y compris pour les plus tristes.
Dans ses poèmes, il ne fait pas référence à une période historique particulière, ce qui les rend éternels.
Quand je lis ses textes, je pense forcément aux petits qui souffrent encore à l’heure d’aujourd’hui, à l’instant même où je rédige celui-ci.

De septembre 1939 à mai 1940, c’est la drôle de guerre. Dite drôle car tout le monde sait qu’elle est là, mais il ne se passe concrètement rien, la plupart des populations civiles ne le voit pas, mais ils sentent sa présence par les directives gouvernementales.
C’est la mise en place de la défense passive ! Il est demandé aux populations de ne pas laisser passer le moindre faisceau de lumière de leur logement dès la tombée de la nuit afin d’éviter tout bombardement, les rouleaux de sparadraps se vendent comme des petits pains pour calfeutrer les fenêtres, il devient même difficile d’en trouver.
Les lampes d’éclairage extérieurs sont couvertes de peinture bleue (lampadaires dans les rues, les phares des voitures, etc.) Des abris sont créés, des hommes commencent à creuser des tranchées pour éviter toute intrusion ennemie dans les villages.

Par peur des gaz moutardes utilisés par les allemands pendant la 1ère guerre, le masque à gaz devient obligatoire. Il faut l’avoir avec soi à chaque sortie, il en est de même pour les enfants à l’école.
Est écrit à l’entrée de l’école : » Tout enfant non porteur de son masque à gaz ne sera pas reçu. En cas d’alerte, l’école est responsable des élèves et ne les rendra aux familles qu’une fois le risque passé « .
Figaro 1939
Tout le monde a peur, mais il ne se passe rien. Ils ont comme l’impression de se battre contre un ennemi invisible!
Je trouvais que le masque me serrait trop et l’odeur vaguement caoutchouteuse dont il était imprégné me soulevait le cœur. La vision des groins gigantesques dont tout le monde se trouvait subitement affublé aurait pu porter à rire si l’exercice n’avait pas eu à la fois un caractère inquiétant et déplaisant.
Danièle Gervais-Marx – Nous, les enfants de la guerre

A chaque alerte, chacun doit se mettre aux abris. Mais avant de rejoindre son abris en courant, il faut emporter son masque à gaz, prendre le nécessaire de survie car on ne sait pas combien de temps l’alerte va durer. Il faut aussi éteindre toutes les lumières du logement, fermer les compteurs à gaz et électricité, fermer volets et fenêtres pour que le feu se propage moins rapidement en cas d’incendie.


A Paris, toutes les stations ne sont pas forcement accessibles, il va falloir en plus se diriger vers la bonne. Si vous n’avez pas le temps de rejoindre un abris, le conseil est donné se se réfugier dans un fossé.1



- Fortitude-ww2.fr [↩]