Une partie de l’histoire dont on parle très peu, l’exode des populations au début de l’occupation et l’impact sur les enfants.
Ils fuyaient pour beaucoup les bombardements alliés, mais il faut savoir aussi que l’ennemi a tué de nombreux civils au cours de cet exode, les obligeant ainsi à revenir sur leurs pas. Enfin, beaucoup d’hommes furent envoyés en Allemagne soit en tant que prisonniers de guerre, soit par le travail obligatoire imposé par Vichy.

Pour les français, la guerre ne commençait véritablement qu’au moment de la bataille de France, au 10 mai 1940.
Les combats se déroulaient principalement dans le nord et l’ouest de la France et ils étaient accompagnés d’un exode massif des populations civiles.

6 à 8 millions de personnes fuirent les zones de combat dont un tiers à la moitié étaient des enfants. L’exode fut la 1ère expérience traumatisante des enfants sur cette guerre.
Quelques 90.000 enfants furent séparés de leur famille. Ils perdaient leurs parents dans la confusion au milieu de la masse ou suite aux attaques aériennes organisées par l’ennemi afin de les empêcher de rejoindre le sud du pays.
De nombreux enfants se retrouvaient orphelins par le décès de leur parent au cours du trajet et continuaient ainsi leur chemin seul.
Après l’armistice du 25 juin 1940, tous les journaux français publiaient des annonces de parents cherchant à retrouver la trace de leurs enfants.
Raymond Ruffin qui avait 11 ans en 1940, décrit la population qui, fuyant les combats, traversait son petit village:
De longues colonnes de réfugiés affluent dans des attelages disparates et hétéroclites. Aux lourds chariots trainés par de gros chevaux roux aux longues crinières blondes, menés par des Belges et des gens du Nord, succèdent maintenant des convois de véhicules de toutes sortes ; cela va des charrettes et des carrioles aux guimbardes asthmatiques, le tout accompagné de vélos, de landaus à bras, de voitures à bras, de brouettes, traînés, poussés, par des piétons éreintés, haletants, dépenaillés. Cette cohue bouillonne de cris, d’imprécations, d’insultes, de pleurs de gosses.
Raymond Ruffin, journal d’un J3, Paris, Presses de la Cité, 1979, p.28
Quant à François Pakonyk qui avait 8 ans en 1940, décrivait l’horreur qu’il ressentait durant ses semaines d’exode en voyant des soldats blessés, les réfugiés belges affamés, les magasins pillés et en manquant d’être séparé de sa famille près d’une douzaine de fois.
François Pakonyk, 1940-1945, les enfants de l’exode, Paris, la pensée universelle, 1984

En plus des territoires occupés, les conditions liées à l’armistice signé par le Maréchal Pétain avec l’Allemagne étaient draconiennes. Ainsi, la France dû céder tout son matériel militaire, l’armée française fut restreinte à un contingent de 100.000 hommes et près de 2 million d’hommes furent soit capturés en tant que prisonniers de guerre, soit appelés au travail obligatoire en Allemagne.
Sous la pression de l’Allemagne, Vichy mit notamment en place un régime du travail obligatoire (STO), forçant ainsi les jeunes hommes et pères de famille à partir travailler là-bas.


