Le mort veille

La sensation de froid qui brusquement le saisit des pieds à la tête, le réveilla en sursaut. Il resta un instant immobile, les yeux ouverts dans le noir. Du dehors, lui parvenait à travers les rideaux grenat et les épais murs de granit, la tempête accompagnée du roulement sourd du tonnerre. « Cela vient des landes, pensa-t-il ; la ferme des jonques va en prendre encore un sacré coup ; comme il y a dix ans, lorsque la grande Pétronille est morte d’un seul trait de foudre. Un vrai temps de vampire en liberté ! »

Il crut soudain entendre un léger bruit dans la vaste chambre. En même temps, la tempête redoublant d’efforts, fit trembler les vitres à les briser. Il voulu se soulever. Il ne le put. Une force étrange l’en empêchait. Il s’affola, se débattit, essaya en vain de faire sortir un son de sa gorge nouée. Pendant ce temps, la pression qui le retenait à sa couche ne cessait de s’accentuer. Il comprit subitement qu’il ne pourrait rien contre cet affreux cauchemar. Il allait mourir. Tout allait être fini. Il eut alors une espèce de sanglot et s’abandonna à la peur hideuse.

Le vieil Oncle du Maroué, grande demeure familiale perdue au milieu de la curieuse forêt de Fénétrange, pousse son dernier souffle.

N’ayant pas de postérité et doté d’une personnalité particulièrement macabre, il prit soin au préalable de rédiger un testament par lequel les prétendants à sa succession devront se réunir au sein de sa demeure durant quelques jours, dont l’interdiction leur sera faite de quitter les lieux, sous peine de déshériter l’intégralité du groupe.

Cependant, le Maroué n’est pas une demeure commune … Un personnage étrange s’y déplace une fois la nuit tombée et ne cesse de faire couler le sang après son passage …

Chacun craint pour sa vie, mais, tenus par la récompense promise à la clé, ils ne quitteraient la demeure pour rien au monde.

Jusqu’où ce plan machiavélique va-t-il les mener ?


Précédente publication : « On lui a fait mal – Romans Policiers », Fleuve Noir, « Super-Poche», 1996, 713 p.