Au dessus du bureau de Michel, trônait une grande carte du Brésil qui le suivait pour l’écriture de ses romans fantastiques. Michel y fait du Brésil et de la splendeur de ses paysages, un véritable univers fantastique mêlant rêve et réalité.
« Le murmure des dieux » et « L’envers de l’éperon » se déroulent dans deux états du Brésil qu’il connaît particulièrement bien pour y avoir vécu et parcouru les contrées : l’état de l’AMAZONAS pour le murmure des dieux et l’état du MINAS-GERAIS pour l’envers de l’éperon. Quant à « la Montagne morte de la vie » et « ils ont déchiré son image », les récits se déroulent dans un environnement purement fantastique. La chaleur du sertao et l’omniprésence du monde vert amazonien n’étant jamais bien loin.
Parmi les différents thèmes abordés dans ses romans fantastiques, le monde vert et animal y est central et commun. Le monde vert de Michel s’avère parfois protecteur de l’homme (la forêt complice) ou encore bienveillant à la seule condition qu’il soit lui-même respecté (Le murmure des dieux). Cependant, il peut également et tout simplement se rebeller contre toute forme de civilisation humaine (La Montagne Morte de la Vie).
Cette nature peut être terrifiante et sublime à la fois. Terrifiante de par son imprévisibilité car le lecteur ne peut déterminer à l’avance la manière dont elle va se comporter avec les personnages romanesques. Sublime, par les descriptions poétiques de l’auteur qui en sont faites et l’omniprésence des croyances ancestrales indiennes.
Michel y dénonce tout le mal fait aux civilisations indiennes ainsi que la surexploitation de la forêt amazonienne (Le murmure des dieux), la tyrannie de l’homme allant même jusqu’à dépasser le diable lui-même (Ils ont déchiré son image), le véritable sens de la vie face aux priorités d’ordres pécuniaires (La forêt complice), le respect de la parole donnée à l’épreuve de l’amour fraternel (L’envers de l’éperon), où encore la survie de l’âme humaine face à une nature en colère qui souhaite avoir une totale maitrise de l’homme (La Montagne Morte de la Vie).
La Montagne Morte de la Vie ou la quête de la vie face au chaos
Je venais tout juste d’atteindre mes dix huit ans, lorsqu’un soir, après boire, la main d’un ami guida la mienne pour signer un engagement d’une année sur un galion.
C’est ainsi que commence l’aventure d’un jeune mousse qui tente difficilement de faire sa place au sein de l’équipage. Après avoir affronté diverses tempêtes, le bateau fini par stagner durant d’interminables jours par manque de vent. L’équipage souffre de famine, chacun lutte pour sauver sa peau. C’est dans ce contexte, que le galion va être comme aspiré vers un autre monde, laissant Toine et le jeune mousse seuls échoués sur une île qui paradoxalement respire autant la vie que la mort. Les arbres se prosternent face à une immense montagne qui glace le sang, la mort et la désolation y sont omniprésentes, la nature minérale et végétale semble être totalement hostile à toute forme de civilisation humaine et animale.
Que cache cette montagne rouge sang ? Vont-ils pouvoir survivre ?
Suivi de Ils ont déchiré son Image
Un voyageur étrange s’arrête dans une petite ville dirigée par un Marquis prêt à toutes les horreurs possibles afin d’assouvir ses désirs. Les habitants sont sous ses ordres. Il semblerait qu’ils ne se rendent aucunement compte des atrocités commises. Toute forme de morale y est inexistante. Ces habitants ne réfléchissent plus par eux-mêmes, la parole et les ordres du Marquis sont d’or.
L’étrange voyageur, prenant parfaitement l’aspect du diable, semble dépassé par les évènements, la cruauté humaine allant au-delà même de ce qu’il représente.
– Ce texte prenant est marquant – Sa fin est de celle qui imprime durablement l’esprit (Frédérique Roussel, Libération, Oct. 2022)
– Une fantasmagorie tropicale atrocement flamboyante (François Angelier, Le Monde, Sept.2022)
– Indéniablement un grand texte dépassant le cadre du fantastique pour s’inscrire durablement parmi les grandes œuvres littéraires du vingtième siècle (Teddy Longean, Un dernier livre avant la fin du monde, Sept.2022)
– Les éditeurs suggèrent avec audace que le plus beau conte étrange des années 1960 est un roman de Michel Bernanos intitulé « The Other side of the Mountain ». C’est effectivement une histoire puissante, voire mystique. (Book world, 2012, The Washington Post)
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Le Murmure des Dieux ou le sacrifice de l’Arbre-Dieu
L’arbre géant frémissait sous les coups de hache. A côté du molosse végétal, les hommes à la peau sombre , luisante de sueur, ressemblaient à des miniatures mouvantes. L’acier avait creusé tout autour du tronc une blessure qui était comme une gueule prête à mordre, et de cette gueule la sève généreuse coulait comme une salive. Mais le monstre enraciné refusait la mort. Jusqu’au moment où son cœur généreux fut enfin atteint. Il oscilla lentement, pencha d’avant en arrière sa belle chevelure verte, puis, dans un craquement sinistre comme un râle, s’allongea sur le sol dans l’attente de la mort sèche.
La grande forêt pris le deuil. Les bruits les plus fantastiques se mirent à courir : on avait tué l’Arbre-Dieu.
Eudes, jeune ingénieur français, est employé à MANAUS pour le compte d’un directeur véreux d’une société de bois précieux. Cet homme lui propose une expédition de plusieurs mois qu’il est finalement contraint d’accepter. Francisco, à la recherche d’un trésor archéologique au cœur du monde vert, propose à Eudes de l’accompagner. C’est ainsi que Michel nous transporte en plein cœur de la forêt amazonienne, sa nature, et surtout, sa magie, omniprésente par les croyances des tribus XAVANTES.
Le murmure des dieux est une véritable ode à l’Amazonie, un texte d’une pure beauté qui laisse pleinement place à toutes formes de magie dans notre monde réel.
– Michel Bernanos a grandi au Brésil et dès son premier roman, il livre ses visions de la forêt équatoriale d’une violence magnifique. Elles hypnotisent, surprennent, jouent sur les contrastes entre la dangerosité de la nature et sa beauté irréelle. Dans un style riche, très imagé, et d’une fluidité rare, l’auteur se lance dans un grand récit d’aventures. (@Pascalmalosse, Auteur, Mars.2023)
– Un très beau texte de Michel Bernanos (Nicolas Delescluse, Emission Paludes, Radio Campus Lille, Mars.2021)
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L’envers de l’Eperon ou l’honneur chevaleresque à l’épreuve de la parole donnée
Depuis un long moment, Nicontina observait les deux fourmis. L’empreinte de leurs pattes minuscules avait délimité dans le sable doré le cercle de mort où elles s’affrontaient, antennes contre antennes. Nicontina les fixait de son œil unique. Il attendait le fatal dénouement. Enfin les pinces s’entrelacèrent cruellement et les deux combattantes glissèrent sur le côté.
« Tuer, mourir! voilà toute la vie! » songea Nicontina en levant sa botte garnie d’éperons pour mettre fin à ce duel. L’acharnement meurtrier des fourmis répondait, écho dérisoire, à la violence du monde qu’il avait toujours connu.
Nicontina est chargé par un riche propriétaire terrien d’exécuter son propre frère Joaquim. Ne connaissant pas l’identité de sa victime au départ, il va faire face à une situation plus que délicate. Avec ses deux personnages, Michel nous embarque dans une course poursuite effrénée au cœur de l’état Brésilien du MINAS-GERAIS, région historiquement liée à la ruée vers l’or des 17ème au 19ème siècles, mais aussi dans laquelle il passait toute son adolescence. Les personnages évoluent dans un univers mêlant fantastique et réalité, jusqu’à se retrouver dans une ville abandonnée au cœur de laquelle le monde vert de Michel a totalement repris ses droits.
Toute la question est de savoir si Nicontina va se borner à appliquer le respect de la parole donnée au détriment de ses valeurs et de son honneur.
– On découvre un de ces livres écrit pour tous et pour personne : si simple qu’il saisit, si ambiguë qu’il déroute, si sobre qu’il embarrasse. Il est des cauchemars qui réveillent et des lectures qui raniment: Venu d’ailleurs, l’envers de l’éperon fait entrevoir ce Tout après lequel notre monde soupire. (Jean-Jacques Lafaye, La revue des Deux Mondes)
– Ce livre est d’une force telle, qu’il jette au nom de la justice et de la charité, au nom aussi de la fraternité, de terribles éclairs qui ne manqueront pas d’allumer des incendies dans les âmes. (Jacques Chirac, 1983)
La forêt complice
Toute la nuit, Pedro avait surveillé la grande maison blanche. Il avait une chaleur humide et lourde. Un brouillard épais montait du sol. Le sol naissant ne tarderait pas à le dissiper, mais pour l’heure, seuls émergeraient de cette mer de brume les troncs des vieux manguiers. La maison était toujours silencieuse. Cependant, Pedro savait qu’il ne s’en fallait plus de beaucoup que ce calme ne fut remplacé par l’agitation bruyante occasionnée par les préparatifs des fiançailles de la senhorita Isina.
C’est ainsi que Pedro assiste aux fiançailles de son amour de jeunesse avec Joaquim, fils d’un riche propriétaire de cultures d’Hévéas. Isina est contrainte de se fiancer avec cet homme pour des raisons purement financières. Mais c’est sans compter sur l’âme de la forêt …